Qu’est-ce que la luminothérapie ?
La luminothérapie est une thérapie utilisant la lumière. Elle fait partie de la famille de la photothérapie (thérapie par la lumière). La lumière est, en premier lieu, un élément naturel, source de vie. Sans énergie soleil (la lumière), l’horloge biologique de l’homme serait vite déréglée mais également l’impact sur son état psychologique.
La luminothérapie est donc un traitement, qui consiste en l'exposition quotidienne d'une personne à une source lumineuse naturelle ou artificielle.
Comment fonctionne la luminothérapie et quel est l’impact sur notre physiologie
Pour bien comprendre comment fonctionne le traitement par la lumière, il est tout d’abord nécessaire d’acquérir quelques notions à propos des rythmes biologiques qui est en rapport avec le cycle lumière/obscurité.
Un système est en fonctionnement depuis notre naissance. Ce système est appelé « système circadien ». Il regroupe des organes et mécanismes qui permettent à l’organisme d’avoir un rythme d’environ 24 heures. Les principaux composants sont : l’œil, qui capte la lumière, l’hypothalamus, qui représentent l’horloge biologique principale et l’épiphyse, qui a un rôle de régulation des rythmes biologiques grâce au fonction hormonale.
L’œil est le point d’entré sensorielle du système circadien. Lorsque la rétine est soumise à une intensité lumineuse, elle va transformer ce message lumineux en message électrique. Celui-ci par phototransduction va arriver jusqu’à l’hypothalamus. Il va, en voyant arriver ces informations, être capable de synchroniser l’horloge interne avec le rythme lumière/obscurité. Grâce à ce codage lumière /obscurité, l’épiphyse va pouvoir réguler et synthétiser certaines hormones comme la « mélatonine » et la « sérotonine ».
La mélatonine (ou hormone de l’obscurité) semble, à ce jour, être la seule hormone qui permettrai à notre organisme d’être en relation avec l’environnement, afin qu’il puisse s’adapter aux conditions extérieures. La mélatonine est un « donneur de temps » : par la transduction du signal lumineux, elle indique à l’organisme la durée de la période lumineuse et celle de la période sombre qui changent au fil des saisons. La sécrétion de mélatonine diminue progressivement avec l’âge, notamment à cause d’une calcification progressive de l’épiphyse. La lumière régule différemment la synthèse de la mélatonine selon l’heure d’exposition. Le Professeur Lewy et son équipe ont montré en 1980 que si l’intensité d’exposition était insuffisante (moins de 2500 lux), la sécrétion de mélatonine était très diminuée. Et si l’exposition à une lumière de forte intensité est réaliser le matin, la phase est avancée : le pic de mélatonine sera plus précoce. A l’inverse, une exposition le soir décale le pic de mélatonine plus tard dans la nuit, créant de ce fait un retard de phase. Il est donc important de connaitre les moments opportun pour effectuer de la luminothérapie.
- La mélatonine
La mélatonine a des effets différents sur le sommeil :
- Elle augmente l’amplitude des oscillations de l’horloge circadienne. Les effets ressentis sont une diminution de la latence d’endormissement (un effet hypnotique de la mélatonine), et par une augmentation du sommeil lent profond, la mélatonine rendant le sommeil plus réparateur.
- Elle diminue la température corporelle la nuit, ce qui a pour conséquence une baisse de la vigilance, de l’attention. Elle a une action sur les processus d’apprentissage et de mémorisation (aspect cognitif).
- Elle aurait également un puissant effet antioxydant, immunomodulateur, anti-œstrogène ou encore des actions sur les facteurs de croissance tumoraux.
- Elle aurai aussi un rôle dans le fonctionnement du système immunitaire et cardio-vasculaire.
- La sérotonine
Nous avons vu le rôle primordial de la mélatonine dans le système circadien, mais qu’en est-il de la sérotonine ? Plusieurs arguments peuvent amener à penser que la sérotonine aurait également un rôle dans le système circadien. Une étude menée en 2007 par une équipe de chercheurs de l’Université Clinique de Psychiatrie de l’Hôpital Central de Vienne a mis en avant le parallèle qu’il pouvait exister entre la dépression saisonnière et l’efficacité du transport de la sérotonine. Ils ont pris des patients dépressifs et constaté que leurs taux sanguin de sérotonine étaient moins important que chez les sujet non dépressifs. Ils leurs ont fait suivre une thérapie par la lumière. Ils ont été exposés à 60 cm des lampes émettant une lumière de 10000 lux, dès leurs réveil et pendant 45 minutes. Après quatre semaines, la quantité de sérotonine entrant dans les plaquettes se sont normalisées.
Au vu des interactions entre la mélatonine, la sérotonine et du rôle qu’ils jouent sur les rythmes biologiques mais également sur la synchronisation de l’organisme avec son environnement. Les recherches ont pu mettre en avant l’impact sur les troubles de l’humeur, mais également sur le sommeil et sur les effets du vieillissement. D’où l’idée d’utiliser la lumière pour modifier la période de libération de la mélatonine. Il est donc important de constater que la lumière est le principal élément régulateur. En exposant un patient, au bon moment et à la bonne intensité, il est possible de réajuster le rythme de sécrétion de cette hormone. Ainsi exposé au bon moment, elle aura un effet sur certains troubles. Il faut bien entendu utiliser une lumière vive, pour imiter au maximum celle du soleil. C’est le principe même de la luminothérapie.
La luminothérapie en pratique
Aujourd’hui le nombre d’appareils de luminothérapie se multiplie, mais attention ils doivent répondre aux normes des dispositifs médicaux de Classe IIA de la Directive Européenne 93/42/CEE. Pour notifier cette conformité, ils doivent porter le logo CE. Il est toutefois judicieux de trouver une lampe qui permet à la lumière de pénétrer par l’œil plus haut de 30° supérieur à l’axe horizontal (plus haut que l’œil, le soleil est plus haut). Il existe des lampes que l’on pose sur un bureau, une table, des lunettes, du matériel plus professionnel avec des plafonniers, des simulateurs d’aube, …
Les bienfaits de la luminothérapie
- Dans la dépression saisonnière qui est définie par l’apparition d’un épisode dépressif sur une certaine période de l’année. L’amélioration, par la luminothérapie, de ce syndrome dépressif peut avoir plusieurs retentissement sur l’individu : Une diminution de l’appétit, une meilleur qualité de sommeil, une augmentation de l’activité sexuelle (baisse de la libido surtout chez les femmes pendant la dépression saisonnière), un retour à une vie sociale (le patient retrouve ses envies d’être en société), une augmentation des performances, de la créativité, de la productivité, une augmentation des qualités physique et une diminution des troubles affectifs.
- Dans le trouble veille/sommeil avec une avance de phase, le sommeil survient tôt dans la soirée avec un réveil précoce dans la nuit et retard de phase ,le sommeil survient tard et le réveil est tardif. Une méta-analyse permettrai déjà de voir un effet bénéfique de la luminothérapie sur l'insomnie, qui dépend de l'intensité de la lumière et du mode d'administration.
- Dans le cadre du cancer, aujourd’hui il n’y a aucune preuves scientifiques, mais il existe un intérêt certain dans la gestion de la fatigue persistante chez les personnes ayant été traitées par un cancer et sur la gestion des symptômes dépressifs dans le cadre de cancers. Il est tout de même proposé de la photothérapie dynamique (PDT), en traitement de certains cancers (notamment des cancers superficiels de la peau). Ce traitement repose sur l'interaction entre un photosensibilisateur et une source lumineuse de longueur d'onde adaptée au spectre d'absorption du photosensibilisateur. Cette interaction, en présence d'oxygène, entraîne la formation de radicaux libres permettant la destruction des lésions.
Les effets indésirables de la luminothérapie
La luminothérapie ne présente pas ou peu de danger, elle sera évitée en cas de risque ophtalmique. L’AFSSE (Agence Française de Sécurité Sanitaire Environnementale) a rédigé en mai 2005, en collaboration avec l’InVS (Institut de Veille Sanitaire) et l’Afssaps (Agence Française de Sécurité Sanitaire des Produits de Santé), un rapport intitulé « Ultraviolets : Etat des connaissances sur l’exposition et les risques sanitaires ». Il stipule que « les quantités de lumière nécessaires et suffisantes sont de l’ordre de 2500 lux, quantités régulièrement reçues par temps clair et ensoleillé, considérées comme sans danger pour les différentes portions de l’œil ». Je n’ai pas trouvé de donnée fiable quant à une intensité lumineuse supérieure.
Il peut y avoir quelques effets secondaires, liés surtout à un mode d'administration inadapté. La luminothérapie faite à des horaires inadaptés peut aggraver les symptômes au lieu de les améliorer avec des retards de phase ou des avances de phase, créant une insomnie, une hyperactivité, des nausées, des céphalées, de l’irritabilité. Si ces effets persistent plus de quelques jours la dose de luminothérapie doit être diminuée.
Aussi, il existe un risque, certes rare, d'accès maniaque chez une personne souffrant de troubles bipolaires.
Attention également certain traitement sont photosensible et risque avec une exposition à la lumière (naturelle ou artificielle) de créer des lésions cutanées.
Également, pour les femmes, au moment de l’allaitement, il est déconseillé à la mère de s’exposer à une lampe de luminothérapie lorsqu’elle nourrit son enfant. En effet, la séance risque de modifier les rythmes du bébé.
Intensité de la luminothérapie et son mode d'administration.
C’est une réponse très complexe à apporter. Cela va dépendre de nombreuses variables : de l’individu, de son mode de travail (jour/nuit), s’il voyage avec des décalages horaires, de sa sensibilité à la photothérapie,… Aujourd’hui il y a peu de résultats de recherche sur le sujet, on sait que l’exposition à la lumière est nécessaire a l’organisme pour vivre.
C’est le traitement de la dépression saisonnière qui est le plus documenté. Ainsi, les recommandations sont plus claires pour les modalités d’exposition : une demi-heure le matin, avec une lampe qui émet une lumière de 10000 lux.
J’espère que dans les années qui vont venir nous verrons arriver plus de résultat sur le luminothérapie.
Quelques liens d'articles intéressants:
Lunette de luminothérapie
Lampe de luminothérapie
Livre: La luminothérapie : Toutes les techniques pour profiter des bienfaits thérapeutique de la lumière